Código promocional - Théâtre Vidy-Lausanne

Stefan Kaegi a rencontré des personnes qui, pour différentes raisons, ont choisi de préparer leur mort – une femme âgée, un scientifique, un sportif de l’extrême, un père de famille, un couple d’industriels allemands… Une scénographie immersive, que chaque spectateur·rice est invité·e à parcourir seul·e et à son rythme, ouvre l’accès à huit pièces ou chambres de mémoire mettant en scène ce que chaque témoin rencontré souhaite adresser aux vivant·e·s, après sa disparition. Nachlass est une poignante expérience théâtrale pleine de vie(s), conçue à Vidy en 2016 et en tournée internationale depuis.

Émilie Charriot rassemble trois comédien·nes exceptionnel·les, Dominique Reymond, Nicolas Bouchaud et Laurent Poitrenaux, pour un texte majeur du répertoire théâtral francophone, L'Amante anglaise de Marguerite Duras. L’autrice s’inspire d’un fait divers véridique: dans une petite ville, une femme ordinaire assassine violemment son mari et jette nuit après nuit un morceau du corps sur des trains depuis un pont. La meurtrière avouera mais ne pourra s'expliquer son geste : au contraire, elle questionne les enquêteurs, comme pour comprendre. Marguerite Duras transforme le fait divers à la marge : c’est la servante du couple qui est assassinée. La romancière déplie un dialogue patient et introspectif entre cette femme, un mari évanescent et un interrogateur mi-enquêteur mi-voix de l'autrice. Dans les silences de la parole, elle écoute la répétition du quotidien, les apparences bourgeoises, le mensonge des sentiments, l'énigme d'un geste fou, le mystère d'une vie.

Le Group50:50, composé d'artistes congolai·se·s, suisses et allemand·e·s, met en scène et en musique une enquête au nord-est du Congo où se trouve l'une des plus grandes forêts tropicales, déterminante pour l'équilibre climatique mondial. Or les accords internationaux récents contre la déforestation imposent une écologie venue d'Occident, ne prenant pas en compte les communautés locales, pourtant usagères respectueuses de la forêt. Un spectacle rythmé, parlé, chanté et informé de nombreux témoignages, à la découverte d'une écologie décoloniale ou vue d'ailleurs. 50:50 tisse les arts ensemble à la recherche d'une manière non euro-centrée de faire vivre les relations entre les cultures, les humain·e·s et la forêt.

En espagnol surtitré en français et en anglais

L'amour infini entre son grand-père et sa grand-mère imprègne le journal intime, filmé et théâtralisé de Malicho Vaca, 50 ans après le brutal coup d'État militaire de Pinochet et alors que la jeune démocratie connaît une nouvelle effervescence sociale et politique. Le jeune auteur et acteur parcourt un pays en mutation à travers des souvenirs personnels et des anecdotes familiales : derrière son écran, il clique dans Google Earth sur la ruelle où sa famille vit depuis quatre générations, avant de circuler dans sa ville, Santiago. Par son utilisation délicate et sensible d'Internet, de Zoom ou des archives stockées sur son disque dur, les faits les plus simples d'une vie de famille chilienne semblent résonner avec l'histoire.

Le spectacle qui écoute enfin la parole des enfants raconte l’histoire du geste radical d’une petite fille face à deux adultes et un public. Qui parle et qui écoute ? Ou plutôt : qui a le droit de parler et qui s'en donne le droit ? Ou encore : qui sait comment parler et qui semble ne pas savoir ? Les enfants le savent bien, parfois les adultes pensent bien faire en accompagnant et en encourageant celui ou celle qui est plus petit·e qu'eux, et même avec les meilleures intentions. Mais dans cette nouvelle création de Lola Giouse, les enfants sont invité·e·s à s’exprimer, et les adultes sont prié·e·s de rester sages, cette fois. Un spectacle vif et franc sur la parole inventive et affirmative des enfants.

Arrebentação expérimente, avec une vitalité joyeuse et imprévisible, la possibilité d'un commun ouvert et libre, composite et hybride. Catol Teixeira prolonge le dialogue entre le cirque, les danses classiques et contemporaines, la fête ou les célébrations de ses premières chorégraphies en invitant les interprètes, leurs expériences et leurs rêves, à se mêler, aussi multiples, contradictoires ou parallèles qu'iels soient. Arrebentação, c'est lorsque les vagues de houle deviennent déferlantes, le passage brusque de l'un à l'autre, l'instant suspendu entre ces deux états – ou la danse impétueuse de l'hybridation, pour un espace-temps sans meneur.

Fable animalière, ballet modern jazz ou opérette kabuki, Les chats réunit des interprètes de la comédie musicale Cats ayant décidé de fuir la société, tant l’avenir de la planète leur semblait compromis, et de remettre en cause leur condition humaine en se mettant à vivre comme des chats. Traversées par les souvenirs du Broadway des années 1980, ces bestioles hybrides forment ainsi une communauté isolée, à l’abri de la catastrophe. Afin que même le plus petit chaton, dans cette froide obscurité sous les étoiles, puisse contribuer à un avenir meilleur, ils vont chanter et danser leurs peurs, leurs doutes et leurs espoirs, emportés par le son du shô, l’orgue à bouche japonais. Finiront-ils par sortir ? Où est la vraie vie ? Sont-ils toujours vivants ?

Une épopée lyrique, poétique, théâtrale et musicale rassemblant récit, jeu et musique live et tissée de rumba congolaise. Cette musique populaire s'est nourrie des rythmes du Royaume du Kongo qui ont traversé l'Atlantique négrier, s'est brassée de Caraïbes et d'Amériques avant de revenir ambiancer les indépendances africaines. L’auteur, acteur et metteur en scène Dieudonné Niangouna, conteur des chemins sans fin et sans vérité, orchestre le récit épique de deux frères d'Europe, partis au Congo sur les traces de leurs origines incertaines. Comme la rumba des deux Congo, leur voyage sera fait des rencontres avec des personnages fantasques entre fictions et réalités, entre mythes, chansons populaires et douleurs politiques : la saga carnavalesque et poétique du secret des origines et du trafic des héritages.

« Quelque chose se passe. Ou rien ne se passe. Un corps entre en mouvement. Ou reste immobile. S’il se meut, quelque chose commence. S’il reste immobile, quelque chose commence aussi » écrivait Paul Auster. Cindy Van Acker incite le mouvement à la fugue. Inspirée par la rétrospective du peintre flamand Léon Spilliaert (1881-1946) au Musée de l’Hermitage, la chorégraphe garde de ces toiles la fluidité lente du temps, la douce intrication des ombres et des lumières, les horizons qui semblent ouverts sur l'abîme. Par un duo chorégraphié et épuré, elle cherche un mouvement plein de ses possibles et de cette joie intime qu'il y a à laisser libre la transition, la transformation, le passage lorsqu'il apparaît, évanescent, fluide, poreux à ce qui vient. On pourrait dire inachevé, moins pour dire qu'il manque quelque chose que pour sentir que ce qui est absent participe autant que ce qui est là au cheminement de l'instant.

Par autan ou la scène d'un théâtre d'antan traversée aux quatre vents, ou peut-être l'atelier échevelé d'un artisan dont les visions éparses prendraient vie. Les spectacles du Théâtre du Radeau, troupe européenne de grande renommée dont Par autan sera le dernier opus, sont faits de cette magie du théâtre de faire surgir images et horizons avec des artifices simples et des mémoires de poèmes. Rumeur des poètes, piano d’à côté, lucioles fugaces de philosophe, regard de la lune sur le lac endormi, danse et chant à la volée, comédie de musiques et paroles palimpsestes... En compagnie de Walser, Kafka, Kleist, Tchekhov, les paroles amies s'allient aux mouvements des châssis du décor, regards de compères, vent dans les fanfreluches et airs de musique dans un tableau vivant, cocasse et multiple : un voyage des embardées de Fellini aux intrigues de Dostoïevski, une errance heureuse, une rencontre comme l'autan, un vent marin venu du sud, vent des anciens moulins et de sorcier, brise ou tempête qui dit-on rend fou.

16+

L'actrice Nathalie Lannuzel écrit et met en scène son premier texte, et c'est au théâtre qu'elle confie son histoire. C'est un récit de famille, d’enfance fracassée. Une violence qui se dit si peu, qui commence tout juste à s'entendre. L’inceste. Il a fallu se taire pour survivre, si longtemps. Il a fallu écrire, dire, pourtant, pour vivre. Les mots qui viennent tentent de décrire non pas la réalité, mais la puissance de vie qui la traverse, depuis le silence de l’enfance, le silence de toute une société. Un texte courageux, écrit avec recul et attention pour écouter l'enfant, réparer l'adulte et donner à réfléchir la violence, intime et collective, ce qui est dit et ce qui ne l'est pas. Nathalie Lannuzel confie ses paroles à un quatuor d'acteur·rice·s pour une parole chorale et partagée, car c'est bien l'enjeu : aux relations détruites, répondre par des liens nouveaux.

1524, les pauvres se soulèvent dans le sud de l’Allemagne. L’insurrection s’étend, gagne rapidement la Suisse et l’Alsace. Une silhouette se détache du chaos, un jeune théologien, en lutte aux côtés des insurgé·e·s : Thomas Müntzer. Le romancier Éric Vuillard raconte sa vie, terrible et romanesque, et dresse le portrait inactuel des oublié·e·s de l'histoire. La chorégraphe Olivia Grandville met en scène un dispositif éclaté, entre danse, musique, arts plastiques et voix, pour incarner ce récit haletant, l'élan fiévreux de la colère et de la marche vers l'abîme. L'acteur Laurent Poitrenaux lit le texte dans cet espace animé, lumineux et musical, qui ouvre des brèches temporelles entre le passé et le présent comme une révolte défait le cours de l'histoire.

La grand-mère de l’auteur et metteur en scène portugais devenait aveugle et lui demanda un livre à apprendre par cœur. Il choisit les sonnets de Shakespeare et la raconte en scène à travers une délicate et généreuse réflexion en acte sur le théâtre et contre le temps, l’oubli, le vieillissement, contre l’absence et la disparition.

Catarina et la beauté de tuer des fascistes
16+ | En portugais surtitré en français et en anglais

Reprise du spectacle du dramaturge et metteur en scène Tiago Rodrigues, une mise en scène en costume, « à la Tchekhov », pour un drame familial et politique contemporain : une famille portugaise engagée contre le fascisme, se réunit à la campagne depuis des décennies. Rituellement, un·e de ses membres, chaque été et à tour de rôle, assassine un fasciste. Cette année-là, tout est prêt, la victime est désignée, et c'est au tour de la fille aînée de passer à l'acte. Mais elle refuse la violence comme mode d'action. Les dissensions au sein du clan, pourtant animé des mêmes convictions, éclatent entre les générations, entre celleux parti·e·s en ville et celleux resté·e·s à la campagne. Le populiste, lui, n'a pas ces hésitations... Un récit puissant, formidablement interprété, qui observe avec lucidité la montée du populisme en Europe autant que celleux qui tentent de lui résister, pour questionner notre rapport à la violence.